FISE Montpellier

RIM EN AGE

29 mai 2022 21:18

 

Après cinq jours de festival pour tous les âges, de déambulations dans le village, d’excitation à tous les étages, la sono s’arrête presque aussi brutalement qu’une mouche dans le potage ; la voix du dernier speaker en vie vient de nous donner rendez-vous à l’année prochaine. Alors ça y est c’est fini ? Ça va être difficile de revenir à la normale vu ce qu’il vient tout juste de se passer. Anthony Jeanjean est passé à 15 secondes d’un sacre qu’il semblait lui tendre les bras. Des années de travail, de risque, de rigueur à tous les niveaux, d’une progression incroyable et voilà le chouchou des rives du Lez en capacité de rivaliser avec les meilleurs. Qui l’eut cru ? Lui-même évidemment, et son entraîneur Guimez aussi à qui il faut reconnaître la patte dans la gestion de la compétition du poulain. Ainsi donc ce report de la finale uci de Bmx freestyle park commence par le spoiler ultime, ou comment casser le suspens d’entrée pour mieux revenir sur une finale historique. 

Avec 9 riders en moins de 6 points au sommet du classement, on était dans la définition même du suspens. Avec 6 riders au-dessus des 90 points on peut parler d’excellence. Reprenons donc, en accéléré si vous le permettez, le fil de cette finale d’anthologie. Brian Fox (6e) est le premier à s’illustrer avec son enchaînement très impressionnant de double flip en transfert et 1080. Avec 90.8 pts il prend la tête d’une poule où Nick Bruce (4e) râte son premier run, où José Torrès (10e) ne fait pas assez preuve de variété dans ses combos en 36. Ce dernier ne se rattrape pas sur son second à l’inverse d’un Nick Bruce qui fait très mal lorsqu’il pose ses bangers : flip triple whip, transfert en 36 triple whip. Avec 93.3 pts il prend la tête provisoire. Question variété, Kevin Peraza (9e) est peut-être ce qu’on a de mieux comme merlin enchanteur. Il pose indéniablement le meilleur run de sa vie de FISE. Chaque module est touché avec grâce, mais aussi avec des tricks compliqués comme ce 3.6 downside whip to double cancan. Sa minute est une offrande pour le Bmx, la fusion parfaite entre tous les types de riding. Avec 89 pts, il ne peut prétendre au podium mais encore une fois il a marqué les esprits. Autre shaman du bmx freestyle, Rim Nakamura nous a transporté dans un autre monde avec ses combos à regarder en slow mo pour bien saisir le degré de difficulté : 36 windshield wiper, 36 whip catch to whip et un hallucinant 720 double bar. Ajoutez-y l’amplitude et un sentiment de sérénité, et vous avez là votre nouveau leader. 95.30 points est désormais le score à battre.  

Marcus Christopher est le premier à s’y essayer. Depuis le début de la semaine, il a prouvé qu’il pouvait se mêler à la lutte pour le podium, sa puissance de pédalage et sa maîtrise ne laissent pas la place à l’aléatoire. Malgré deux runs sans faute, il lui manque juste un ou deux bangers supplémentaires pour chatouiller le haut du tableau. Il finit 5e.  Justin Dowell (7e) ne trouve pas de ressources suffisantes dans son bagage à tricks pour se mêler à la folie. Son 36 twix reste toutefois le plus grand mystère du 21e siècle. On se dit alors que Logan Martin a ce qu’il faut pour repasser devant le japonais. La fluidité habituelle qui accompagne chaque envolée de l’Australien est au rendez-vous, comme d’habitude dirons-nous. On profite du 720 avec un barspin dans chaque rotation mais serait-ce le triple whip légèrement raccroché qui l’empêche de passer devant ? Avec 94.50 il se positionne 2e avant un second run qui malheureusement tourne court pour lui, la faute à une réception manquée sur le forward bike flip. Il ne reste donc plus qu’à Anthony Jeanjean d’écrire l’histoire ! Rien que ça. Son premier run avait confirmé qu’il avait en lui les moyens de le faire ; flip triple whip, double flip enchaîné après le transfert en tuck no hander ; il y avait là une minute du plus haut niveau. Avec 94.20 points il savait qu’il fallait ajouter quelques degrés de difficulté à son run déjà bien calé. Ça part très bien dans le second run avec un whip placé dans le transfert fou. S’il ne fait pas de faute, la victoire est possible. Le public acquis à sa cause croise les doigts, les jambes aussi… Malheureusement, vous connaissez la fin. La cause spécifique ? Un triple whip manqué de peu à une quinzaine de secondes de la fin. Difficile de regretter quoi que ce soit lorsqu’on fait son meilleur résultat au FISE (3e) et qu’il s’agit là d’une marche supplémentaire gravie en direction de l’objectif ultime : les J.O. de Paris. Une perspective qui s’annonce de plus en plus excitante à la vue de cette finale de dingue.